Noctuidae Noctuinae
Anchoscelis pistacinoides Aub. ( = Agrochola dujardini Dufay)
La Xanthie sanguine
Nourriture de la chenille : Primevères, Véroniques, Plantains surtout.
Références : Id TAXREF : n°887318 / Guide Robineau (2007) : n°1202
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Répartition française : Presque toute la France, à l'exception du quart nord-ouest.
Commentaires : La validité de cette espèce est contestée par Resbanyai-Reser, qui la considère comme une sous-espèce de A. nitida, relevant de nombreuses formes transitionnelles dans la zone de contact entre les deux entités (notamment dans la moitié nord de la Suisse).
Bibliographie espèce :
Anchoscelis pistacinoides est une Noctuelle de taille moyenne ( 30 à 37 mm d'envergure). Sa couleur fondamentale varie du gris-ocre au fauve-orangé. La femelle est pratiquement identique au mâle.
Le nom pistacinoides, donné par d'Aubuisson d'après des spécimens toulousains, fait référence à la ressemblance de l'espèce avec Agrochola lychnidis, autrefois connue sous le nom de pistacina. Toutefois Anchoscelis pistacinoides s'en distingue aisément par sa taille généralement inférieure, sa coupe d'ailes plus arrondie, sa tache orbiculaire large (et peu allongée) et par une double rangée de petites taches dans l'aire terminale.
En revanche, pas de critère permettant de différencier à coup sûr Anchoscelis pistacinoides de Anchoscelis nitida, sans recourir à l'examen des genitalia. Les différences sont d'ailleurs si ténues que certains spécialistes considèrent que ces deux espèces n'en font qu'une. Il faut toutefois retenir que si Anchoscelis nitida existe en France, ce n'est que dans l'extrême nord-est du pays. Le reste du territoire appartient donc, en principe, à Anchoscelis pistacinoides.
La Xanthie sanguine est surtout une espèce de la moitié sud du pays. Elle est particulièrement fréquente dans le quart sud-est, le long de la vallée du Rhône, pas rare non plus dans le sud-ouest. Dans les Alpes, elle peut se rencontrer en altitude (au moins 1200 mètres), en revanche étrangement nous ne connaissons pas de citation pyrénéenne à ce jour. Dans la moitié nord, sa répartition est très morcelée et elle ne semble pas remonter au nord de la Picardie. Concernant la Corse, Ronkay et al. (2001) considèrent sa présence comme probable, mais à ce jour elle n'est attestée par aucune citation.
Elle vole en une seule génération continue de fin août (en montagne) à début novembre , le pic statistique se situant vers début octobre.
Les imagos sont surtout observés à l'occasion d'attractions lumineuses. Ils butinent également les Lierres.
Les oeufs pondus à l'automne hibernent, pour éclore au premier printemps. Pendant les trois premiers stades, la chenille est verte, avec des lignes longitudinales plus claires et un semis de petits points noirs. Au quatrième stade, la chenille toujours verte prend une teinte un peu plus olivâtre, les lignes longitudinales s'estompent (sauf la ligne latérale, bien visible) et on commence à deviner dorsalement des dessins en forme de chevrons. Elle est saupoudrée de minuscules points noirs entourés de blanc. Enfin, au dernier stade, sa robe vire au gris-brun très légèrement olivâtre, avec une ligne latérale plus claire bien large et des dessins dorsaux bien visibles en forme de chevrons, qui s'estompent un peu dans sa partie antérieure. Enfin, à ce stade apparaît un nouveau caractère : le pronotum (écusson située juste derrière la tête), jusqu'ici concolore, devient noir profond, traversé de deux traits blancs. La chenille à terme mesure environ 35 mm et se rencontre vers le mois de mai.
Il semble que la chenille soit assez peu variable. Seule sa teinte de fond peut présenter des dominantes un peu différentes (on trouve des photos de spécimens un peu plus roussâtres). Par rapport à la chenille de Anchoscelis nitida, les chevrons semblent beaucoup moins épais.
Concernant sa nourriture, la chenille paraît assez fantasque. La plante-hôte la plus souvent citée est la primevère (Primula), plante que nous avons pu effectivement lui faire accepter (au moins au dernier stade). Nous avons essayé d'autres plantes, avec des succès divers. Certaines, pourtant citées comme plantes nourricières de Anchoscelis nitida, comme l'Oseille (Rumex) n'ont pas été acceptées. Un essai avec des feuilles de Cyclamen s'est soldé par une observation originale : les chenilles n'ont pas touché aux feuilles pendant une semaine, puis un beau jour elles les ont intégralement dévorées ! En fin de compte, les meilleurs résultats ont été obtenus avec des jeunes pousses de variétés ornementales de Prunus et de Clematis.
La Xanthine sanguine n'est pas en danger dans le quart sud-est. En revanche, elle est vulnérable dans la moitié nord de la France du fait du morcellement de son aire de répartition. Mais les préférences et la dynamique de ces populations septentrionales n'apparaissent pas clairement. Par exemple, la multiplication d'observations isolées en Seine-et-Marne, ainsi que sa découverte récente dans l'Oise, pourraient plaider en faveur d'un scénario d'expansion vers le nord à la faveur du réchauffement climatique. Pour autant, difficile de savoir si ces nouvelles colonies, de même que les plus anciennes, ont des chances de se maintenir longtemps.